Dans The Love Witch, la réalisatrice Anna Biller met en scène une femme fatale, libérée, vénéneuse. Et sensuellement vintage.
A l’origine, « glamour » (déformation de l’anglais « grammar », comprenez « science occulte ») désignait le sort jeté à un homme par une enchanteresse pour l’envouter. La réalisatrice Anna Biller redonne tout son sens au mot dans The Love Witch.
Le film dévoile Elaine, une sculpturale sorcière moderne usant de charme, potions et formules magiques pour dégoter l’homme de sa vie. Résolument glamour, donc. Si la question féministe sur le pouvoir de séduction et les désirs assumés du deuxième sexe, entre érotisme et romantisme, est indiscutable, le film n’en est pas moins une satire grinçante de l’archétype de la femme fatale.
Au-delà des regards de biche, des tenues légères et de son hommage à la figure de la sorcière, Anna Biller oscille également en permanence, et non sans virtuosité, entre le sérieux des sujets qu’elle traite et les allures de parodie qu’elle emprunte. Cette acrobatie fait le principal intérêt de son film. Voilà pour le fond.
Pour la forme, The Love Witch (deuxième long métrage de la réalisatrice après le très remaqué Viva) est un hommage aux films de sexploitation et reprend les codes de tournage en Technicolor.
L’esthétique rappelle les meilleures œuvres de Dario Argento pour les uns, ou de Mario Salieri pour les autres. L’empreinte de Jacques Demy n’est pas non plus très loin.
Ici, tout est usiné, retravaillé, poli et fait main. Le tournage s’est fait en 35mm et les décors ont été conçus par la réalisatrice elle-même, jusqu’à atteindre une perfection directement sortie des sixties. Et dès lors, la magie opère.