Kareem Kalokoh, Amé’Greek’ain

Inconnu du grand public, Kareem Kalokoh est la sensation rap à surveiller de très près. Il incarne une scène hip-hop méditerranéenne en pleine ébullition.

Tout commence alors que Kareem, jeune rappeur grec – Sierra Leonais d’origine – âgé de 15 ans à l’époque, crée avec son pote Valentin Rivera le collectif SODA, plus tard rebaptisé ATH Kids; ATH pour Athènes, Kids suite au visionnage du film éponyme de Larry Clark. Valentin et lui recrutent d’autres pépites au sein du collectif, structurent leur passion et Kareem, alors âgé de 21 ans, sort son premier projet indépendant sur Soundcloud ; la mixtape ATH2090s. 

Dès le départ, l’inspiration américaine est  là; Kanye West, Lil Yachty, Nike AF1, Lil Wayne, Cousin Stizz – entre autres, Kareem chante les rues d’Athènes dans un anglais impeccable. L’egotrip y est assumé, l’énergie est pure, dans un chassé-croisé artistique oscillant en permanence entre les continents américain et africain. Visuellement, l’esthétique de ses clips est léchée, mêlant création textile grunge et architecture urbaine. 

Son nouvel album, Congo – pépite musicale de onze pistes, est lâché sur la toile le 11 aout 2017 et rencontre très vite son public. Les assonances trap et quelques grands noms du hip-hop américain distillent leur influence sur la quasi totalité des titres. ‘GRK NGA ATH’ nous replonge dans l’ambiance lascive et contemplative de ‘Mamacita’ de Travis Scott. A l’écoute de ‘TMU’ et ‘Gasolina’, on constate que Drake n’est pas non plus très loin et ‘Started from the bottom’ nous vient sans détour à l’esprit en écoutant le titre ‘Try us’ du jeune prodige.

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© ATH Kids – 2019

Prodige, Kareem l’est aussi dans son marketing. Entrepreneur autodidacte 2.0 biberonné aux réseaux sociaux, il travaille son image et sait faire monter les enchères pour n’apparaître que sur des scènes exclusives, soigneusement sélectionnées: au festival néerlandais Eurosonic, au Hasard Ludique et aux Bains Douches (ses deux premiers concerts français) et dans l’émission Colors avec une performance remarquée car remarquable. 

Mais Kareem ne fait pas figure d’exception. Dans une Grèce rongée par la crise financière de 2008, les talents regorgent de créativité pour s’enjailler et parfois évoquer leur quotidien. Mode, photo, vidéo, musique, ce contexte artistique bouillonnant est aujourd’hui favorable à l’émergence d’une nouvelle ère, constamment propulsée par de nouveaux noms; le dernier en date s’appelle Majin Cost,  lui aussi natif d’Athènes, et fait déjà parler de lui.