THEODORA, RETRO VERS LE FUTUR

La chanteuse Théodora s’approprie l’électro-pop des années 80 et le transpose dans un présent élégant, nostalgique et moderne.

C’est par hasard et par l’intermédiaire de la chanteuse Fishbach, perle musicale à la notoriété maintenant bien acquise, que nous découvert la chanteuse Theodora. A la première écoute, une évidence s’impose : l’artiste, qui partage la scène avec Zoé Hochberg après plusieurs années passées au sein d’un trio folk-rock, fait preuve d’un sens esthétique, aussi bien sonore que visuel, très aiguisé. Et très singulier pour son époque. 

Musicalement, tout d’abord. En 2016, quand sort le premier EP ‘Let Me In’, Theodora plante son décor… dans les Eighties ! L’univers musical renvoie aux meilleures heures de la Cold Wave. Les ombres de Paradox Obscur, de Babel 17 et de Martin Dupont ne planent jamais très loin des compositions telles que ‘A for Ache’ et ‘One Foot In the Grave’. Le minimalisme instrumental est d’une efficacité redoutable et se met au service d’une évidente sensibilité. 

L’année suivante, Theodora confirme l’essai avec son deuxième EP autoproduit, ‘Obsession’. Son timbre de voix monocorde, jamais monotone, nous entraine dans ce même univers sensuel et lascif.  

Mais si ‘Obsession’ emprunte les mêmes sentiers épurés, un soupçon d’audace émerge de cet opus. Theodora opte pour un mélange de rythmes et d’ambiances, tantôt nostalgique dans ‘Innocence’, tantôt frénétique dans ‘Get Obsessional’. Dès les premières notes, on se surprend à penser à Linea Aspera, à Kriistal Ann, à Prudence.

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Visuellement, la transcription de cet ensemble musical est toute aussi étonnante. Quand l’écoute suggère une mise en image expérimentale et contemporaine, Theodora surprend en nous offrant une atmosphère rétro. Le clip de ‘Let me in’, dans lequel Yuji Suzuki mêle noir et blanc dans un format 4/3, rappelle sans équivoque F.W. Murnau. Dans  ‘Maybe there was a Fire’, Dodi El Sherbini remet au goût du jour le grain vintage des caméscopes. 

Theodora jongle ainsi en permanence, entre passé et présent, français et anglais, légèreté instrumentale et densité émotionnelle. Et tout ceci, elle le fait avec maestria.